Préparatifs


 

Introduction

Index

1ère Étape

Une nouvelle année commence, ma quarante cinquième ici-bas, et de nombreuses questions me taraudent.

Jusqu’à présent, je prenais la vie comme elle vient, avec ses bons et ses mauvais côtés, mais aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur ce qu’à été, sur ce qu’est et ce que sera mon existence.

Nous sommes tous des pèlerins : la vie est un chemin, nous avons chacun le nôtre mais tous mènent au même endroit. Tous les chemins convergent vers ce lieu, le plus souvent en faisant de nombreux détours. Mais quel est ce lieu ? Existe-t-il ? Est-il synonyme de fin ou de début ? Y a-t-il un même et seul lieu pour tout ce qui meure, hommes, animaux et végétaux ? Que faisons nous sur cette terre, et qu'y laisserons nous ? Comment comprendre ce chemin ? Il est bien connu qu’il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va... Comment être sûr de ne rien rater d’important, de faire les bons choix ? Pourquoi nous évertuons-nous à obtenir maison, voiture, ordinateur, mille et une choses superficielles, puisque l’on sait dès le départ que l’on ne survivra pas à ces choses... dans le même ordre d’idée, pourquoi sommes nous parfois agressifs, violents, colériques, ambitieux, puisque nous ne sommes que de passage ici-bas ? Est-ce notre confort moderne qui nous éloigne de l’essentiel ? Ne sommes-nous bons qu’à piller et finalement détruire cette planète qui nous héberge ? Cette terre est-elle un vaste plateau de jeu sur lequel nous sommes 6 milliards de pions à nous déplacer chaque jour d’une case jusqu’au but ultime ? Manifestement, certains d’entre-nous naissent plus près du but que d’autres. Si nous faisons partie d’un jeu, qui lance les dés ? Qui gagne ? La réincarnation est-elle une réalité ?
- Si oui, à quoi sert-elle puisque l’on ne se souvient pas de sa vie antérieure ?
Subit-on un formatage à l’image des disques durs qui souffrent de bugs ? Comment, dans ces conditions, corriger ses erreurs ?
- Si non, pourquoi s’évertuer à tenter de faire toujours le bien ?
Quelles sont nos libertés ? Dans quel but suis-je né ? Suis-je arrivé à mi-parcours ? Suis-je en pleine crise de la quarantaine ? Le moment est-il venu de faire le point sur le chemin parcouru ? Certes, tout n’a pas été noir jusqu’à présent : une enfance et une adolescence heureuses, un beau mariage, trois beaux enfants intelligents et en bonne santé, une magnifique maison, un travail relativement agréable... Mais tout n’a pas été rose non plus : le décès d’une tante il y a deux ans, d’une grand-mère l’an dernier et cette année mon père qui fait une rechute de son cancer sans possibilité de guérison. Je me sens un peu perdu, il faudrait que je puisse faire le point sereinement, mais comment faire dans notre société où nous sommes perpétuellement agressés par nos obligations, par la pollution atmosphérique, sonore et lumineuse ? Une coupure serait la bienvenue. Et si j’effectuais un voyage ? Ce voyage sera géographique bien sûr, mais surtout, il devra être intérieur. Un voyage vers moi-même en quelque sorte. J’ai déjà lu de nombreux articles traitant du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle et l’une des routes qui y mène part de Vézelay, à une petite centaine de kilomètres de ma maison et passe par Limoges, à 30 kilomètres de mon lieu de travail. Voilà ce qu’il me faut, j’irai à Saint-Jacques de Compostelle !
Vu la distance à parcourir et les congés dont je dispose, mon pèlerinage se déroulera sur quatre ans. Cette année : Vézelay - Limoges. L’Objectif principal étant de me retrouver , j’aimerai que ce parcours se déroule au maximum en autonomie, limitant les contacts dans la mesure du possible pour éviter d’être influencé dans mon cheminement. Il va donc falloir lister le matériel nécessaire et se le procurer, mais tout d’abord, je dois m’imprégner de cette aventure en découvrant l’histoire de ce pèlerinage et en lisant les témoignages de ceux qui l’ont réalisé afin de bénéficier de leur expérience.

Ce matin, une incursion chez Décathlon m’a permis d’acquérir un sac à dos. Mon choix s’est porté sur un modèle “grande randonnée”, le “Forclaz 70”, d’une contenance de 69 litres pour un poids de 1,9 kilos, bénéficiant d’un dos aéré, de repose mains, de multiples réglages et d’une sangle de poitrine pour un montant de 65 euros.

J’aurai aimé faire le chemin seul, mais ma femme et nos trois enfants ayant émis le souhait de m’accompagner, nouvelle visite chez Décathlon où nous achetons quatre sacs à dos (Arpenaz 10, Forclaz 40, 50 et 60), cinq bâtons de marche (Arpenaz 200) et une paire de chaussures pour l’aîné (Forclaz 600). Nous en avons déjà pour 200 euros environ. Reste à faire l’acquisition de deux tentes (T3 Ultralight pro) , cinq matelas, des tee-shirts, des ponchos, des pantalons de pluie, des poches à eau, des chaussures pour les deux petits, des pansements, des popotes, etc., mais notre budget n’étant pas extensible, nous étalerons ces dépenses jusqu’au mois de juin.

Première sortie prévue ce jour : la météo est clémente, temps frais mais ensoleillé. C’est donc parti pour une randonnée de 14 kilomètres et 200 m de dénivelé autour de Saint-Junien histoire de se mettre en jambes. Les corps des parents sont rouillés, la plus jeune de la famille n’a que 9 ans, et malgré que l’on soit partis à vide (sans sacs à dos), on a mis 5 heures pour boucler le parcours, soit 2,8 Kms/h. Cette promenade a eu le mérite de mettre en évidence notre manque d’entraînement lié à notre sédentarisation, mais elle a permis à notre aîné de faire ses chaussures et à tous de se familiariser avec les bâtons de marche. Ce soir, nous sommes tous perclus de douleurs aux mollets et aux épaules, mais nous sommes fiers de notre exploit. Certes nous n’avons pas profité pleinement des paysages mais nous savons que cela viendra avec le temps et l’entraînement. Visiblement, le chemin se mérite... patience et persévérance sont les béquilles de notre motivation.

Nouvelle promenade d’entraînement : 10 kilomètres autour de Saint Auvent. La météo est agréable et le parcours est vallonné. Nous sommes seuls en ce début d’après-midi et nous apprécions la traversée du sanctuaire de Notre-Dame de la Paix. La Gorre qui s’écoule au creux de cette vallée dans un joyeux gargouillis et le chant des oiseaux qui annoncent l’arrivée du printemps rajoutent à la sérénité des lieux. Nos mollets hurlent leur douleur dans les différentes côtes mais nos épaules supportent aisément les sacs à dos, vides il est vrai. Au sommet de la première difficulté, une décharge sauvage nous interpelle : carcasses d’automobiles d’un autre âge, machines à laver agonisantes jonchent une nature qui porte encore les stigmates de la tempête de décembre 1999. Quelle tristesse ! Cela ne servant à rien de se lamenter devant un tel spectacle, nous continuons gaiement. Le sentier est mal balisé et nous hésitons plusieurs fois sur la direction à emprunter, mais nous parvenons sans mal à regagner l’arrivée, après avoir croisé des chiens hargneux dans leur propriété, un cheval dans son pré et un chevreuil qui a traversé le chemin quelques mètres devant nos yeux ébahis. Trois heures et demie auront été nécessaires pour boucler notre périple, les douleurs à l’arrivée sont nettement moins vives et la fatigue largement supportable... l’entraînement commence à payer !

Seconde sortie du Week-end, cette fois ce sont 10 kilomètres aux abords de Saint-Mathieu qui s’offrent à nous. Le temps est couvert et frais mais il ne pleut pas. Après un départ difficile en raison d’un plan pour le moins imprécis, nous profitons de la campagne limousine. Le relief est modéré, les paysages sont variés et la bonne humeur de rigueur. Pas de fatigue ni de douleurs particulières si ce n’est aux épaules en raison des sacs chargés plus généreusement que la veille. Même si des doutes s’immiscent encore épisodiquement dans mon esprit, c’est la confiance en nos capacités physiques à mener ce projet à terme qui prédomine... il reste encore 4 mois et demi avant le grand départ, largement de quoi peaufiner notre entraînement.

Premier jour des vacances d’hiver et première randonnée dans l’Yonne. Le départ est à Sormery, à 3 kilomètres de notre maison. Le parcours se faufile par monts et par vaux, traverse de charmants villages et hameaux, offre de superbes panoramas sur la campagne icaunaise et champenoise. Seul inconvénient, la pluie tombée récemment a transformé la terre en une espèce de pâte à modeler qui s’agglutine sous nos chaussures sans y avoir été invitée ce qui alourdit considérablement notre pas pourtant léger habituellement. A chaque retrouvailles avec le bitume s’improvise un ballet de percussions laissant les traces de notre passage si bien que nous décidons de ne plus quitter ce ruban d’asphalte jusqu’à l’arrivée. La balade s’en trouvera amputée de quelques kilomètres mais nous ferons quand même 12 kilomètres sur les 15 initialement prévus.

Nous profitons d’un rendez-vous médical à Auxerre pour découvrir le Décathlon. Achat de 8 tee-shirts, de 4 ponchos et pantalons de pluie, de 5 casquettes, de 8 paires de chaussettes pour un total de 278 euros.

Aujourd’hui, nous décidons d’aller jusqu’à Vézelay en voiture en empruntant au plus près le chemin qui sera le nôtre cet été. 2 heures suffiront alors que ce sont 3 étapes qui attendent nos pieds. Nous arrivons à Asquins et malheureusement l’église dédiée à Jacques le Majeur est fermée comme la majorité des édifices religieux de campagne peu fréquentés, victimes de notre société, ayant du renoncer à l’hospitalité face au vandalisme en tout genre et au manque de prêtres. Nous poursuivons donc jusqu’à Vézelay et nous pénétrons dans la magnifique basilique Sainte Madeleine. Nous ressentons à peine la fraîcheur ambiante et nous nous laissons envahir par la lumière et la sérénité qui règnent en ce haut lieu de la chrétienté. C’est une invitation au recueillement et à la prière que nous honorons naturellement. Je pense à mon père, son état se dégrade rapidement et ça me fait mal. Je peux accepter que son heure soit venue, mais l’idée de le voir souffrir me révolte. Une multitude de souvenirs d’enfance remonte à la surface de ma mémoire, quelques larmes se brisent sur les récifs de mon émotion. Nous nous dirigeons vers le presbytère afin d’obtenir des renseignements sur la crédenciale, le passeport qui attestera de notre condition de pèlerins pendant notre voyage. Nous apprenons que ce document ne peut être délivré que le jour du départ, mais nous repartons avec un guide du pèlerin très instructif. Difficile après ça de ne pas emprunter le début du chemin, matérialisé au sol par des coquilles, emblème de Saint-Jacques. Dans un peu plus de quatre mois, à la sortie du centre bourg, nous suivrons l’itinéraire qui nous conduira à Bourges, mais pour l’heure, nous bifurquons à gauche pour mettre nos pas dans ceux qui passent par Nevers. A Saint Père sous Vézelay, nous délaissons cette variante du trajet pour rejoindre notre voiture stationnée à Vézelay. Cette mise en bouche ne faisait que 5 kilomètres mais déjà, la magie du chemin opère... vivement le 13 juillet !

Seconde sortie consécutive, mais première de mars. Nous partons dès 13h du parking du stade municipal de Saint-Florentin. Le début de la randonnée est facile car le sentier longe le canal de Bourgogne sur environ 4 kms. La rive opposée n’est pas très jolie car les nombreux jardins qui la composent sont encombrés de bric-à-brac entreposés par des propriétaires peu soigneux. La navigation de plaisance est inexistante en cette saison, l’eau s’écoule paisiblement entre les écluses, passant du bleu ciel au bleu foncé au gré des nuages qui défilent, quelques branches flottent ça et là, preuves que l’hiver n’est pas terminé, quelques oiseaux gazouillent, preuves que le printemps approche. Passée la seconde écluse, il nous faut remonter légèrement puis flâner entre les prés et les champs pour arriver à Avrolles. La fontaine crache de l’eau non potable, et l’église est fermée. Nous sommes pourtant dimanche, jour du Seigneur... La pause sera tout de même bénéfique car le sentier s’élève rapidement pour atteindre l’oppidum et cette fois, c’est nous qui crachons ; cela me fait d’ailleurs penser qu’il va vraiment falloir que j’arrête de fumer. Longue marche sur la crête du mont Avrollot, d’où nous apercevons le village de Turny et son hameau du Fays où nous résidons, puis c’est la descente sur Saint-Florentin et son centre historique avant de rejoindre notre point de départ. Il est 16h30, nous avons parcouru 13 kms.

Vu le temps (froid, pluie et vent), nous décidons d’annuler la randonnée initialement prévue toute la journée pour nous rabattre sur une visite au Décathlon de Troyes. Nous y dénichons les 2 tee-shirts pour la petite, son poncho et son pantalon de pluie, ainsi que 5 serviettes de toilette ultra légères et absorbantes. Encore 84 euros de moins sur le compte en banque mais on commence à être équipés.

Retour en Haute-Vienne et nouvelle balade, cette fois du côté de Vayres. Il fait 10 degrés, le temps est nuageux. Nous avons chargés nos sacs avec nos ponchos, nos pantalons de pluie, nos anoraks, des bouteilles d’eau d’1,5 litres et des barres de céréales. Les paysages sont agréables mais relativement vallonnés, alternant descentes et montées. Bien qu’humide, la terre ne colle pas. Plusieurs franchissements de la Vayre et des ruisseaux qui l’alimentent sur de petits ponts de bois jalonnent notre progression, ainsi que quelques départementales chargées de véhicules qui alternent avec des sentiers isolés et déserts. Je me sens bien mais la fatigue des autres membres de la famille impose des haltes fréquentes et réparatrices. Cependant, cette fatigue aura raison de notre parcours en l’amputant de 2 Kms sur les 13 que comportait la randonnée initialement. Nos rencontres se sont limitées à un cheval et un poney dans leur pré, un faisan, des moutons, des vaches, des canards flottant sur un étang, un berger des Pyrénées, des chiens de chasse dans leur chenil, deux ânes qui se sont mis à braire à tue-tête lors de notre passage et quelques rapaces planant parmi les nuages.

Comme les semelles des chaussures de Florence se décollent et lui provoquent des échauffements, nous repassons chez Décathlon pour acheter de nouvelles chaussures et nous en profitons pour nous procurer les matelas, les poches à eau ainsi qu’un Sweat polaire pour un total de 152 euros. Sitôt sortis du magasin, direction La Souterraine pour une petite promenade de 7 kms. Le temps est menaçant, les paysages sont jolis, notamment le site du château de Bridiers qui date du Xè siècle mais la portion qui longe la voie rapide et son flot continu de véhicules gâche quelque peu notre plaisir. Sur la fin du parcours, nous sommes rattrapés par un crachin désagréable au possible. Julie en profite pour étrenner et apprécier son poncho. Au moment de regagner la voiture, nous apercevons un panneau qui indique Saint Jacques de Compostelle à 1581 Kms !

Ce matin, départ de Châtelus le Marcheix dès 9h15 pour notre première sortie à la journée. 15 Kms et 300 m de dénivelé sont au programme. Le temps est superbe, la température clémente malgré un vent du Nord-Est qui nous saisi lorsque nous quittons les sous-bois, les paysages sont magnifiques, parsemés de hameaux qui semblent ne pas avoir changés depuis des lustres. Nous sommes doublés par plusieurs groupes de motos mais c’est quand même la tranquillité qui prédomine. Le relief est sans pitié pour nos petits muscles et nous apprécions à sa juste mesure le confort apporté par les poches à eau qui permettent de boire sans s’arrêter ni se décharger du sac à dos. Dès 11h15, Julie commence à se plaindre d’avoir faim malgré les barres de céréales ingurgitées depuis le départ. C’est sans doute l’idée de pique-niquer qui la rend impatiente, je décide donc de l’occuper en discutant avec elle. Tant bien que mal, après 6 Kms de montée sur les 8 que nous avons déjà accomplis, nous arrivons enfin à Saint Goussaud, charmant village perché sur la colline qui offre un panorama à 360°. C’est bien connu : “après l’effort, le réconfort”, nous nous installons donc à la table d’orientation située à 200 mètres du chemin et nous nous installons pour déguster notre repas champêtre composé de salade, sandwichs, chips et yaourts à boire. Il est 12h15. Le temps n’a plus d’importance, on mange tranquillement, on contemple la nature, on écoute les oiseaux chanter, les vaches meugler, bref, on est bien ! 13h15, il faut quand même songer à repartir car il reste encore 7 Kms à avaler, même si ce n’est quasiment que de la descente. 15h15, nous sommes de retour à la voiture. Tout le monde semble fatigué, personnellement, mes cuisses et mes mollets sont douloureux, sollicités par tant de montées et surtout de pentes. Cependant j’éprouve un sentiment de joie et de fierté d’avoir bouclé cette randonnée difficile mais bien balisée et offrant le retour aux sources recherché.

Aujourd’hui, étape importante de notre entraînement car ce sont 24 Kms qui nous attendent au départ de Chaptelat, et c’est avec un peu d’appréhension, sans doute due au fait que nous allons franchir pour la première fois la barre psychologique des vingt kilomètres, que nous nous présentons devant l’église Saint Eloi dès 7h45 sous un soleil radieux, une température tout juste positive et un vent glacial. Comme il fallait s’y attendre, les portes de l’édifice sont closes. Nous attaquons donc de bon pied par une portion goudronnée avant de bifurquer sur la droite dans un joli sentier qui se faufile entre les champs. Première rencontre de la journée, des limousines fortement cornues nous regardent passer en ruminant. La suite du chemin se déroule tranquillement sous nos pas, les paysages s’offrent à nos regards à mesure que le soleil poursuit son ascension vers le zénith tandis que les oiseaux égayent cette journée de leurs chants mélodieux. Contrairement à la semaine dernière, le relief est docile ce qui facilite notre progression. Vers 10h30, Julie commence à avoir faim. Elle a déjà mangé une barre de céréales mais voudrait piocher dans le pique nique prévu pour le repas de la mi-journée. De plus, elle se plaint de ne voir que des vaches, des moutons, des oies, des canards, des poules... mais pas de chevaux ! Car sa passion, c’est le cheval ! Pour faire patienter son appétit et pour lui faire oublier les équidés, on parlotte avec elle, on raconte des blagues et on chante, quand à la sortie du lieu-dit « Les Combes », son vœu est exaucé ! Une magnifique jument Percheron blanche se dresse fièrement devant ses yeux ébahis. Caresses et bisous obligatoires. Peu avant midi, petite pause pour sortir quelques paquets de chips du sac et distribution aux enfants. 13h, on arrive enfin au bord de l’étang, repéré sur la carte avant la balade, qui nous servira de restaurant. On tombe les sacs à dos et on s’assoie sur un tronc d’arbre couché sur le sol. Au menu, salade de riz maison, sandwichs, chips et compote de pommes. Qu’il est bon de pique niquer sous le soleil, au bord de l’eau et à l’abri du vent après un effort de 16 Kms. Un lézard s’invite à notre table, Olivier lui lâche quelques miettes de pain et des morceaux de jambon ; après ¾ d’heure de détente, un pic-vert nous rappelle qu’il est temps de reprendre notre périple. On redémarre par une longue côte qui nous mène à Chantelauve, la Pacaille, puis Chantegrelle où nous accueillent une jument et son poulain, trop loin pour être approchés. A la sortie du hameau, nouvel enchantement pour Julie qui peut caresser une superbe jument de trait noire. Sa jeune compagne grise, nommée Utopie selon un ancien du village venu à notre rencontre, est plus farouche et préfère rester hors de portée. La fin du parcours pour regagner la voiture ne ressemblera pas à un calvaire mais sera quand même bien difficile en raison de la fatigue. L’intérieur et le derrière de mes cuisses me font souffrir, les pieds de Florence et de Sébastien crient au supplice, Julie répète sans cesse qu’elle a mal aux jambes... seul Olivier semble endurer cette épreuve, à moins qu’il ne préfère pas exprimer ce qu’il ressent. Enfin, c’est le retour au point de départ et malgré la difficulté, c’est la fierté et l’envie de continuer  qui prédominent. L’église est toujours fermée, on rentre donc à la maison pour prendre une bonne douche. Dans 113 jours commencera notre pèlerinage, nous en sommes à 117 Kms d’entraînement.

Aujourd'hui, jour de Pâques, papa est arrivé au bout de son chemin sur cette terre. Il me manque déjà et son départ me laisse un sentiment de colère, de tristesse, de solitude. J'ai l'impression d'avoir manqué des choses avec lui, de ne pas lui avoir exprimé toute la fierté et l'amour que je lui vouais, et pourtant, que de bons moments passés ensembles. Dès lors, notre entraînement deviendra sporadique. Je me contenterai de quelques randonnées le mercredi matin et quelques autres le week-end avec le reste de la famille. Fin juin, notre équipement sera complet, les cartes étudiées sur le site de l'Institut Géographique National m'auront permis de tracer notre parcours du Fays à Vézelay et le guide du pèlerin "de la Bourgogne aux Pyrénées" acheté. En raison des démarches administratives liées au décès de papa, le départ initialement prévu le 13 juillet est reporté au 16 juillet.

 

Introduction

Index

1ère Étape