Guillaume de CHAMPAGNE dit aux Belles-Mains, cardinal & archevêque de Reims, succéda à Henry de FRANCE troisième fils du roi Loüis le Gros. De chanoine de l'église de saint Quiriace de Provins, & prévôt de celle de Soissons, il étoit devenu évêque de Chartres en 1165. si l'on en croit Robert abbé du Mont Saint-Michel, qui ajoute que le pape le dispensa de différer son sacre encore cinq années, à cause de son jeune âge, cependant il devoit avoir alors trente & un ans. Aïant été élu archevêque de Sens en 1169. il fut consacré le 22 décembre de la même année ; & le pape le nomma son légat en France : fut élevé à l'archevêché de Reims en 1176. continua d'être légat du Saint Siège, & s'étant rendu au concile de Latran, il y fut créé cardinal par la pape Alexandre III en mars 1179. Le même pape lui donna un bref, pour que nul autre que l'archevêque de Reims ne pût sacrer & couronner les roys de France, & il en fit la fonction sur son neveu Philippe Auguste dans son église métropolitaine le premier novembre 1179. Le roi Philippe le prit pour son premier ministre en 1183. & partant pour la Terre-Sainte l'an 1190. il l'établit régent du royaume sous sa mère Alix de Champagne qui étoit soeur de ce prélat. Il sacra & couronna dans Arras la reine Isemberge de Danemark l'an 1193. fut nommé légat du pape Innocent III en Allemagne vers l'an 1198. Étant tombé malade en Italie, où il s'étoit rendu pour la troisième fois, il se fit rapporter en France & mourut en chemin le 7 septembre 1202. âgé de 68 ans.
Il étoit quatrième fils de Thibaud IV du nom, comte Palatin de Champagne, de Brie, de Blois & de Chartres, surnommé le Grand, & de Mahaut de Carinthie.
Jean de COURTENAY, seigneur en partie de Baillet & de Cloïes près Meaux, étoit chanoine de Chartres en 1251. chanoine & archidiacre de Paris en 1255. qu'il plaidoit avec son évêque, ensuite chanoine & chevecier d'Orléans, puis chanoine de Reims dont il fut élu archevêque, duc & pair de France, après trois ans ou environ de vacance : Guillaume de Bray, cardinal de saint Marc, avoit été son compétiteur. Il en fut mis en paisible possession par un bref du pape Clément IV. du 6. octobre 1266. Il reçut en 1269. dans la plaine de Douzy l'hommage que trois chevaliers lui firent au nom de l'évêque de Liège, pour la châtellenie de Boüillon, & gagna en la même année un procès contre les bourgeois & habitans de Reims, suivant les registres du parlement : il tint le lundi avant l'Ascension 1270. un concile provincial, contre les prévôts ou baillis des seigneurs laïques, qui malgré les immunitez ecclésiastiques, s'emparoient des biens meubles des gens d'église, & il y fut conclu qu'ils seroient excommuniez, si après avoir été avertis, ils ne s'abstenoient de ces violences ou ne les réparoient pas. Dans la même année il accompagna saint Loüis à son voïage d'Afrique avec l'évêque de Langres, & par un ancien registre de la chambre des comptes, rapporté par Marlot, l'on apprend que ces deux prélats avoient à eux deux trente chevaliers, pour lesquels l'archevêque touchoit quatre mille livres, & l'évêque trois mille, qu'ils avoient leur nourriture à l'hôtel du roi, & qu'on leur donna un navire tout appareillé pour le transport. L'archevêque mourut dans cette expédition le 20. août 1270. suivant l'obituaire de Reims, le 23. selon d'autres.
Il étoit quatrième fils de Robert, seigneur de Courtenai & de Montargis, bouteiller de France, & de Mathilde de Mehun sur Yevre.
Robert de COURTENAY, neveu de l'archevêque Jean, fut élu archevêque de Reims en 1299. après une vacance de dix mois. Il prenoit la qualité de seigneur de Champignelles, le 25. juin 1280. qu'il confirma une donation faite auparavant à l'abbaïe de Fontaine-Jean, par Robert de Courtenay son aïeul, & par Philippe de Courtenay son oncle ; & il l'augmenta. Il fut ensuite chanoine d'Orléans, comme on l'apprend par son testament, puis archidiacre & chanoine de Reims. Il en avoit la qualité en 1290. & 1292. & prenoit aussi celle de seigneur de Bailleul. Le roi Philippe le Bel qui avoit ordonné par lettres du mois d'octobre 1294. qu'après sa mort la reine Jeanne de Navarre sa femme, auroit la régence du roïaume & la tutelle de leur fils aîné, s'il étoit encore mineur, aïant souhaité par la suite que les grands du roïaume approuvassent ces lettres, & promissent par écrit de les faire observer ; Robert, archevêque de Reims, fut du nombre, & sa lettre se trouve avec celle de douze autres grands, scellées & datées en 1299. & 1300. Il confia l'administration du temporel de son archevêché à son frère Jean de Courtenai, fit chanoines de son église ses deux neveux Philippe & Guillaume de Courtenai. Ce fut le premier des prélats de Reims, qui dans son sceau joignit les armes de sa maison, à la figure de la sainte Vierge, qui avoit été l'unique scel de ses prédéceseurs. Après s'être trouvé au concile de Vienne en 1312. il assista au parlement tenu à Paris en juin 1315. où Robert de Béthune, comte de Flandres & pair de France, fut condamné comme rebelle ; sacra à Reims le roi Loüis Hutin, le dimanche 24 août de la même année, & le suivit dans la guerre qu'il fit au compte de Flandres. A son retour il se rendit avec ses suffragans au concile convoqué à Sens, pour y examiner l'affaire de Pierre de Latilly, évêque de Châlons, pair & chancelier de France, à qui on avoit ôté les sceaux, & qui étoit détenu prisonnier, puis sacra à Reims le roi Philippe V dit le Long, le jour des rois 1316. Il tint à Senlis au mois de mai suivant, que l'on comptoit 1317. un concile provincial contre les usurpateurs des biens de l'église ; & par des lettres du premier août 1319. dans lesquelles il s'intitule archevêque duc de Reims, pair de France, il s'excusa de s'obliger à ne point servir le roi, en cas qu'il lui arrivât de contrevenir au traité fait avec le comte de Flandres, jusqu'à ce que de son côté, il fut certain que ce comte & ses sujets eussent satisfait aux conditions exprimées dans ce traité. Il se trouva le 7. janvier suivant, que l'on comptoit encore 1319. dans une assemblée de pairs, qui sollicitez par la chancelier Pierre de Chappes, au nom du roi & du pape Jean XXII. de prendre l'engagement dont il vint d'être parlé, répondirent en commun, qu'il ne constoit pas que le comte de Flandres & les Flamans eussent remplis les conditions du traité, & qu'il leur seroit dur de s'obliger pour les faits d'autrui, ainsi qu'ils demandoient du tems pour délibérer. Il sacra encore Charles le Bel le 21. février 1321. Ainsi par un cas singulier dont il n'y a point d'exemple, & qui peut-être n'arrivera jamais, en moins de six années, il mit la couronne successivement sur la tête de trois rois de France, qui étoient frères. Sa mort arriva le 3. mars 1323. suivant le nécrologe de l'église de Reims.
Il étoit fils de Guillaume de Courtenai, seigneur de Champignelles & de la Ferté Loupière, & de Marguerite de Châlons sa première femme.
Henry de DREUX, archevêque de Reims, duc & pair de France, renonça à l'évêché de Châlons auquel il avoit été élu en 1226 pour pouvoir être élevé à l'archevêché de Reims, étant déjà archidiacre de cette église & trésorier de celle de Beauvais. Ce fut même en cette dernière qualité qu'il assista au sacre du roy saint Loüis. Il fut élu archevêque au mois de février 1227 sacré à Pâques suivant, & aïant fait son entrée solennelle, il reçût l'hommage de ses vassaux, entr'autres celui de Blanche, reine de Navarre, comtesse de Champagne, & du comte Thibaud son fils, pour les fiefs qu'ils possédoient, dépendans de l'archevêché de Reims. Il eut ensuite diverses affaires pour les droits de son église ; tint pour cela des conciles provinciaux ; même se broüilla avec saint Loüis, & poussa jusqu'à interdire le service divin dans toute l'étendüe de sa province. Anselme évêque de Laon, fut le seul de ses suffragans, qui ne voulut pas souffrir que cette interdiction eut lieu dans son diocèse, de quoi le roy lui sçut tant de gré, qu'il voulut être marié par ses mains, & qu'il couronnat la reine son épouse. Cependant les bourgeois & habitans de la ville de Reims se soulevèrent contre l'archevêque leur seigneur & firent tant de violences qu'il les excommunia. Il tint divers conciles à saint Quentin, à Compiègne puis à Senlis. Ce fut dans cette dernière assemblée provinciale qu'il conclut en 1235 que le roy n'aïant pas eu d'égard à leurs remontrances & à leurs plaintes & n'aïant point réprimé ces rebelles, le service divin seroit absolument interdit dans tous les domaines que ce monarque pouvoit avoir ès diocèses de la province de Reims, & que ceux des évêques suffragans de cet archevêché qui ne feroient pas publier & observer cet interdit dans leurs diocèses, seroient excommuniez. Cela frappa le saint roy, qui ordonna par ses lettres du mois de janvier 1235 que les fortifications élevées dans Reims par les habitans, seroient rasées, & que les parties s'en rapporteroient au jugement d'Eudes, abbé de saint Denis en France, & de Pierre de Collemieu, prévôt de saint Omer. Ces juges par leur sentence du jeudi avant la purification de la Vierge 1235 condamnèrent les bourgeois à restituer tout ce qu'ils avoient usurpé dans la ville, & à païer dix mille parisis à leur archevêque par forme de dédommagement, moïennant quoi les excommunications lancées contr'eux seroient levées. Il les excommunia de nouveau en 1238 parce qu'ils avoient maltraité ses officiers qui les pressoient pour achever le païement de la somme à laquelle ils avoient été condamnez. Il mourut au château de Courville, à six lieuës de Reims, le 6 juillet 1240.
Il étoit troisième fils de Robert II du nom, comte de Dreux & de Brenne, & d'Iolande de Couci.
Guillaume de JOINVILLE, archevêque duc de Reims, pair de France, étoit évêque de Langres lorsqu'il fut élu à cet archevêché, dont il prit possession le 9 juin 1219 fut fait peu après légat du saint siège, & il en prit la qualité au mois de mars 1221. Il tint en 1223 un concile à Paris pour résoudre la guerre contre les Albigeois, & le roy Philippe Auguste étant mort depuis ce tems-là, le cardinal Corald, légat du saint siège, & lui, firent les funérailles. Il sacra & couronna le roy Loüis VIII & la reine Blanche sa femme, dans Reims, le dimanche 6 août 1223 & ce prince ayant égard aux dépenses faites par l'archevêque dans cette occasion, ordonna aux vassaux du duché de Reims, d'en payer leur quote-part, ce qui a toujours été pratiqué depuis. Aïant accompagné le roy dans son voïage d'Auvergne il mourut deux jours avant ce prince à Saint Flour le 6 novembre 1226.
Il étoit second fils de Geoffroy IV du nom, dit le Jeune, sire de Joinville, & de Helvide de Dampierre, dame de Maillei & de Remignicourt, elle même fille de Guy, seigneur de Dampierre, de S. Just & de S. Dizier & de Helvide de Baudement.
Guy de ROYE, archevêque de Reims, duc & pair de France, avoit été auditeur de Rote & doyen de S. Quentin avant que d'être évêque de Verdun, où il ne résidoit point, se tenant toûjours à Avignon près du pape Grégoire XI. qui l'avoit élevé à cet évêché. Il étoit ensuite parvenu à l'évêché de Castres en 1383. à celui de Dôle en 1386. à l'archevêché de Tours en la même année, & à celui de Sens en 1388. Il en possédoit plusieurs ensemble par la permission de l'antipape Clément VII. auquel il s'étoit attaché, mais il s'en deffit lorsqu'il fut élevé à l'archevêché de Reims, dont il prit possession par procureurs, & où il ne parut qu'en 1393. Il reçût dans Reims en 1397. le roi Charles VI. qui s'y rendit avec toute sa cour pour y recevoir l'empereur Venceslas, qui venoit s'aboucher avec lui sur les moyens d'éteindre le schisme de l'église. L'archevêque Guy s'attacha fortement à Benoît de Lune le plus obstiné des deux qui vouloit être regardez comme pape : ainsi quoiqu'il se fut trouvé à l'assemblée des notables, convoquée à Paris en 1404. il ne voulut point paroître à celle du clergé qui se tint immédiatement après. Il tint son concile provincial le 28. avril 1408. & le fameux docteur Gerson y prêcha. Le roi Charles VI. fatigué du schisme, fit prendre le parti de l'église Gallicane, de ne reconnoitre aucun des deux qui se prétendoient papes, & engagea les cardinaux des deux partis à convoquer un concile général à Pise, où l'on pu abolir le schisme. L'archevêque partit pour s'y rendre en compagnie de Louis cardinal de Bar, de Pierre d'Ailly évêque de Cambrai depuis cardinal, du docteur Gerson, chancelier de l'église de Paris, & de Guillaume Fillastre, doyen de l'église de Reims depuis cardinal : arrivez au bourg de Voltri à quatre mille de Gênes, un de ses domestiques prit querelle avec un des habitant du lieu & le tua : les autres voulant vanger sa mort poursuivirent le meurtrier : l'archevêque entendant le bruit sortit de sa chambre pour tacher d'apaiser ce tumulte ; mais il fut tué sur le champ d'un trait d'arbalêtre le 8. juin 1409.
Il avoit fondé en 1399. le collège de Reims à Paris, & donné à son église métropolitaine sa bibliothèque qui étoit considérable. Par son testament fait au château de Courville dans le diocèse de Reims, dès le 15. mai 1400. il fit du bien à son église & à ses successeurs, de même qu'aux autres sièges qu'il avoit occupez. Il légua à son neveu Mathieu de Roye son château & seigneurie de Buzancy avec sa terre de Launoy, & celles de Dompmart, Bielarey & Musey à Jean de Roye son autre neveu.Il étoit fils de Mathieu II. du nom, seigneur de Roye, grand maître des arbalêtriers de France, & de sa première femme Jeanne de Cherisy, dame de Muret.
Robert de CHASTILLON, évêque & duc de Laon, pair de France, étoit trésorier de l'église de Beauvais, lorsqu'il fut élu au mois de juin 1210. Le moine des Vaux de Cernay fait mention de lui sans le nommer dans son histoire des Albigeois, sous l'an 1212. Il fit enclore de bonnes murailles & de fortes tours son château épiscopal d'Anisy, aujourd'hui comté : se trouva à la bataille de Bouvines avec son frère Gaucher de Chatillon & mourut en 1215.
Il étoit troisième fils de Guy II. du nom, seigneur de Chatillon, & d'Alix de Dreux.
Robert de THOROTE, évêque de Laon, duc & pair de France, se trouva au sacre du roi Philippe le Bel le 6. janvier 1286. au concile provincial de Reims en 1292. & au conseil que le même roi tint au Louvre le 21. janvier 1296. Il acheta de Gautier IV. du nom, seigneur de Chatillon, de Crécy, de Crèvecoeur, & connêtable de Champagne, & d'Isabeau de Dreux sa femme, la chatellenie de Laon, & la terre de Barentoncel, pour la somme de quatre mille livres, petits tournois, par contrat du mois de juillet 1297. & mourut la même année.
Il étoit second fils de Jean de Thorote III. du nom, chastellain de Noyon, & de Luce d'Honnecourt, petit-fils de Jean de Thorote II. du nom, chastellain de Noyon, & de Odette de Dampierre.
Albert de ROYE, évêque & duc de Laon, pair de France, étoit avec Jean son frère aîné un des juges des enquêtes en 1315. & prenoit la qualité de clerc du roi le 27. mars 1321. qu'il alla à Lorris pour l'affaire du comte de Nevers. Il est nommé parmi les évêques qui se trouvèrent au concile de Senlis en 1326. assista au sacre de Philippe de Valois en 1328. & l'année suivante à un autre concile tenu à Senlis dans le mois de septembre, ayant été témoin le 6. juin précédent de l'hommage personnel d'Edoüard III. du nom roi d'Angleterre, avoit rendu au roi dans Amiens, pour le duché pairie de Guienne. Il fut un des juges avec les autres pairs, du fameux procès de Robert d'Artois, comte de Beaumont-le-Roger, qui fut banni par arrêt du mercredi avant Pâques fleuries (c'est à dire le 8. avril) 1331. & mourut le 25 avril 1336.
Il étoit troisième fils de Mathieu I. du nom, seigneur de Roye & de germigny, & d'Alix.
Gautier de BOURGOGNE, LVII. évêque de Langres, avoit été doyen de l'église métropolitaine de Bezançon, & en avoit été élû archevêque vers la fin de l'an 1161. Dans un titre de l'abbaïe de Bellevaux au même diocèse, en 1162. il s'y qualifie archevêque élû. Il renonça à cette prélature pour ne pas se trouver enveloppé dans le schisme que l'empereur Frédéric I. faisoit naître dans l'église, & pour s'unir à Loüis VII. roi de France, & à Eudes, duc de Bourgogne son frère, qui tenoient le parti du pape Alexandre III. Geoffroy, cousin de S. Bernard, s'étant démis en 1163. de l'évêché de Langres, pour retourner à l'abbaïe de Clairvaux, dont il étoit religieux, Gautier de Bourgogne qui étoit archidiacre de cette église, en fut élu évêque, & l'on trouve un titre de lui, en cette qualité, de l'an 1164. Hugues III. du nom, duc de Bourgogne, son neveu, lui donna & à ses successeurs le comté de Langres, qu'il venoit d'acquérir par échange de Guy, comte de Saulx. L'on prétend que le roi Lothaire, avoit autrefois fait don de ce comté à l'évêque Acard, avec pouvoir d'établir dans Langres un droit de doüane, pour l'entrée & la sortie des marchandises, par ses lettres données à Dijon le 30. août 967. l'acte de la donation du duc de Bourgogne est de l'an 1178. & porte qu'elle est faite du consentement d'Henry, comte de Bar, à qui ce duc avoit donné précédemment ce comté de Langres en fief. Ce comte en fit cession à l'évêque Gautier, & à ses successeurs, par acte de l'an 1179. L'évêque mit aussi-tôt son comté avec toutes les dépendances de son domaine épiscopal, sous la protection du roi Louis VII. qui à sa prière déclara que le tout relèveroit pour toujours de la couronne de France, sans pouvoir jamais en être distrait. Les lettres patentes de ce prince, datées de Sens l'an 1179. sont signées du comte Thibaud, sénéchal de France, de Guy Bouteiller, de Renaud Chambrier, & de Raoul, connêtable, la chancellerie étant vacante. La petite chronique de S. Bénigne de Dijon place sa mort au 10. juillet 1179.
Il étoit sixième fils de Hugues II. du nom, duc de Bourgogne, & de Mathilde de Turenne.
Robert de THOROTE, chanoine de Beauvais, fut élû évêque de Langres en 1232. & le lundi 16. août de la même année, Guy de Forêts, comte de Tonnerre par sa femme Mahaud de Courtenay, lui fit hommage de ce comté dans la ville de Sens. Il eut des démêlez avec Hugues IV. du nom, duc de Bourgogne ; au sujet de l'église de S. Etienne de Dijon, & de la ville de Chatillon-sur-Seine, & prirent pour arbitres Robert d'Auvergne, archevêque de Lion, oncle du duc, au mois de mai 1233. Reçut en 1236. l'hommage de Guillaume de Vergy, sénéchal de Bourgogne, pour la seigneurie de Fontaine, ce que Hugues de Vergy, aussi sénéchal de Bourgogne, renouvella en 1238. Thibaud, comte de Champagne, reconnut au mois de juillet 1239. tenir en mouvance des évêques ducs de Langres, les seigneuries de Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, la Ferté-sur-Aube, Chaumont, Nogent & Montigny, ces trois dernières en Bassigny, & la garde ou avoüerie de l'abbaïe de Molesme. Au mois de décembre 1237. étant à Compiègne avec les évêques de Laon & de Noyon, ils avoient rendu tous trois, comme pairs de France, leur jugement sur la manière dont Thomas de Savoye, comte de Flandres, par sa femme la comtesse Jeanne, devoit faire hommage de ce comté au roi Louis IX. Fut élu évêque de Liège le 30. mars 1240. ayant été prévôt de cette église, & il y fit son entrée solennelle la veille de la Noël de la même année. Il ambitionna beaucoup l'archevêché de Reims, vacant depuis le 6. juillet 1240. & qu'outre le crédit de ses parens & amis, dont il avoit un grand nombre, il répandit de grandes sommes & engagea même les domaines de son évêché de Liège, pour se procurer les suffrages du chapitre de Reims. Il n'y réussit pas & mourut le 16. octobre 1246.
Il étoit fils de Jean de Thorote II. du nom, chastellain de Noyon, & de Odette de Dampierre.
Louis de POITIERS, évêque & duc de Langres, pair de France, succéda à Guillaume de Durfort peu après le 25. avril 1319. ainsi les lettres de l'évêque de Langres en date du 1. août 1319. par lesquelles ce prélat comme pair de France, s'excusoit, ainsi qu'avoit fait l'archevêque de Reims, de ne point s'obliger à servir le roi, en cas qu'il contrevint au traité fait nouvellement avec le comte de Flandres, jusqu'à ce qu'il fut certain que ce comte & ses sujets eussent rempli entièrement les conventions de ce traité, sont de ce Louis de Poitiers. Ayant forcé les portes de l'église de Langres, les chanoines le firent condamner par arrêt du parlement du 17. juin 1322. à une amende de cinquante-six mille livres envers le roi & envers le chapitre. Il paroît par un acte passé par Aubry de Dijon, son grand vicaire, le lundy lendemain de la fête de S. Vincent (23. janvier) 1323. qu'il étoit alors fort éloigné de son diocèse : il se trouve nommé dans un acte de son père du 3. avril 1324. & peu après il fut transféré à l'évêché de Metz, où il fit son entrée solennelle le 1. février 1325. y reçut le 7. mars suivant l'hommage de Jean, roi de Bohême pour le lieu de Conflans. Le 24. novembre 1327. lui & ses frères Aymar & Amé se rendirent cautions envers Guichard comte de Beaujeu, du traité qu'il venoit de signer avec le dauphin Guigues, & mourut peu après en sa terre de Montélimart en Dauphiné. Il eut pour successeur à Metz, Adhémar de Montélimart, archidiacre de cette église, fils de sa soeur.
Il étoit fils de Aymar III de Poitiers, comte de Valentinois & de Diois, & de Hypolite dite Polie de Bourgogne.
Philippe de DREUX, évêque de Beauvais, comte-pair de France, fut élû en 1176. passa avec les troupes Chrêtiennes en la Terre-sainte l'an 1178. revint en France l'an 1179. & dans la même année il se trouve un acte de lui, où il ne se qualifie qu'évêque élû : il fut sacré à Reims & assista comme pair au sacre du roi Louis le Jeune. Il se croisa de nouveau en 1187. se trouva au siège d'Acre dans le mois d'octobre 1190. fut pris par les infidèles, & conduit prisonnier à Babilone. A son retour il fut présent au couronnement de la reine Isemburge de Dannemark, fait à Arras l'an 1193. puis combattant contre les Anglois, il fut pris près de Milly, par un de leurs généraux nommé Markadé l'an 1196. ou 1197. Le pape Célestin III. ayant écrit à Richard I. roi d'Angleterre, pour demander la liberté de ce prélat, qu'il nomme son fils spirituel, ce prince lui envoya la côte d'armes de l'évêque toute ensanglantée, & le pape ne fit plus d'instance en sa faveur. Il ne recouvra sa liberté qu'après la mort de Richard, en payant deux mille marcs d'argent l'an 1202. fut postulé peu après pour l'archevêché de Reims, mais Thibaud du Perche, archidiacre de cette église, représenta vivement à Rome l'humeur guerrière de Philippe de Dreux, & empêcha que cette postulation n'y fut agrée. Il se croisa contre les Albigeois, & marcha en Languedoc l'an 1210. eut guerre en 1212. contre Renaud de Dampmartin, comte de Boulogne : combattit vigoureusement sous les yeux du roi Philippe-Auguste, son cousin germain, à la bataille de Bouvines en 1214. & y attera de sa main Etienne de Longue-épée, comte de Salisbury, frère naturel de Jean, roi d'Angleterre, qu'il fit tuer. On remarque que dans la crainte de se rendre irrégulier, & hors d'état d'exercer ses fonctions ecclésiastiques, il n'osoit fraper de l'épée, mais qu'il ne se faisoit pas scrupule d'assommer à coups de masse ceux des ennemis qu'il trouvoit sous sa main. Il assista comme pair de France, au jugement rendu à Melun en juillet 1216. sur la succession & l'hommage du comté de Champagne. On lui reproche que par son trop d'attention aux affaires militaires, il avoit laissé perdre plusieurs droits de son évêché : son chapitre s'en plaignit par des écrits du 31. mai 1212. & du vendredi avant la S. Simon S. Jude 1214. De son tems les évêques de Beauvais avoient droit de faire battre monnoye. Le roi Philippe Auguste par ses lettres données à Melun en mars 1216. commit Gilon de Versailles, & Renaud de Bethisy, pour obliger les majeurs, jurats & autres personnes de la commune de la ville de Beauvais, de prêter serment de fidélité à leur évêque son cousin. Par son testament fait à Beauvais le 2. novembre 1217. il fit des legs à son église & à plusieurs autres ; mourut deux jours après & fut enterré dans sa cathédrale, à gauche du grand autel, sous une tombe de cuivre émaillé.
Il étoit fils de Robert de France, comte de Dreux, & d'Agnès de Brenne.
Geoffroy de CLERMONT - de - NÉELLE, évêque de Beauvais, comte & pair de France, fut consacré le jour de Noël 1235. Il mourut en août 1236.
Il étoit fils de Raoul de Clermont, sire de Néelle par sa femme.
Simon de CLERMONT - de - NÉELLE, évêque & comte de Beauvais, pair de France, se trouva au concile de Compiègne, le vendredi après la fête de la circoncision 1303. & renouvella la dispute de ses prédécesseurs avec les habitans de Beauvais, qui prirent les armes contre lui, comme on l'apprend de divers actes des années 1305. & 1306. Il mourut le 22. décembre ou de janvier 1312. il avoit fondé le mardi 31. octobre de la même année deux chapelains perpétuels dans les maisons épiscopales de Bresle & de Goulencourt, leur assignant à chacun 25. livres parisis de rente sur le péage du pont de Mante, acquises par lui de Louis de France, comte d'Évreux, au mois de mai 1309.
Il étoit neveu de l'évêque Geoffroy de Clermont rapporté ci-dessus, & troisième fils de Simon de Clermont, seigneur de Néelle, & d'Alix de Montfort.
Guillaume BERTRAND, évêque de Beauvais, comte & pair de France, avoit été évêque de Noyon en 1331. puis évêque de Bayeux le 27. février 1337. Il plaidoit en 1346. contre Colart d'Estouteville, & défendit la ville de Caën, où le roi l'avoit établit commandant lorsque le roi d'Angleterre la vint assiéger l'an 1346. Fut élû évêque de Beauvais en 1347. & le 16. avril 1348. il fut jugé que si ce prélat étoit opposant avec complainte dans une affaire, la cause devoit être renvoyée au parlement, parce qu'il étoit pair : il en fit les fonctions au sacre du roi Jean, le 26 septembre 1350. assista l'année suivante au mariage de Robert, sire d'Estouteville, avec Marguerite de Montmorency, dont il fut caution : mourut le 19. mai 1356. & fut enterré dans le choeur de son église cathédrale, où se voit son épitaphe.
Il étoit fils de Robert Bertrand, baron de Briquebec, & d'Alix de Néelle, dont il écarteloit les armes.
Geoffroy de GRANDPRÉ, évêque & comte de Châlons, pair de France, fut présent en qualité d'évêque élû, au supplice de cent quatre-vingt-trois bulgares qui furent brûlez vifs à Montwimer en Champagne, en présence du roi de Navarre, & des barons de Champagne, d'Henry de Dreux, archevêque de Reims, & de ses suffragans, le vendredi avant la Pentecôte 13. mai 1239. Son élection fut confirmée par le pape Grégoire IX. Il accompagna en 1245. le pape Innocent IV. de Lion à Cluny, & fut un des prélats qui l'assistèrent à la messe qu'il y célébra pontificalement le jour de S. André : se trouva la même année au concile général de Lion, & mourut le 22. avril, comme le porte l'obituaire de sa cathédrale.
Il étoit fils de Henry IV. du nom, comte de Grandpré & d'Isabeau de Coucy.
Philippe de MELUN, évêque & comte de Châlons, pair de France, étoit seigneur de S. Maurice sur Laveron, lorsqu'il fut élevé à l'épiscopat en 1335. eut ses bulles le 4. juin de la même année : fut pourvu de l'archevêché de Sens en 1338. où il mourut le 7. avril 1345.
Il étoit le quatrième fils d'Adam IV. du nom, vicomte de Melun, & de Jeanne de Sully, petit-fils d'Adam III. du nom, vicomte de Melun, & de Comtesse de Sancerre.
Etienne de NEMOURS, évêque & comte de Noyon, pair de France. Il paroît par un acte de lui en l'année 1197. que ses prédécesseurs & lui avoient le droit de faire battre monnoye dans Noyon. Il fut l'un des quatorze prélats qui en janvier & février 1201., donnèrent leurs déclarations pour la légitimité des enfans que le roi Philippe Auguste avoit eu d'Agnès de Méranie, & fut au mois d'octobre 1207., l'un des témoins de la transaction passée entre le même roi & le chapitre de Reims. Il affranchit ce prince, au mois d'octobre 1213., que l'hommage des comtes de Vermandois devoient à l'évêque de Noyon, & reçût une compensation : fut en qualité de pair, l'un des juges qui rendirent leur sentence à Melun, au mois de juillet 1216., sur le différend du comté de Champagne ; puis au mois de février 1218., lui & Anselme, évêque de Laon, donnèrent l'absolution comme commissaires députez par le pape, de l'excommunication qu'Enguerrand de Coucy avoit encourüe, pour avoir pris le doyen de l'église de Laon, & exercé d'autres violences contre le clergé. Il renouvella le procès commencé par ses prédécesseurs, contre le chapitre de l'église collégiale de S. Quentin, & son chapitre lui ayant donné une somme de cent livres parisis, afin de subvenir aux frais de la poursuite, il donna sa reconnoissance au mois de juillet 1218. que c'étoit un pur effet de la libéralité de ses chanoines, qui ne devoit pas tirer à conséquence contre eux : il mourut en 1220.
Il étoit fils de Gauthier de Villebéon I. du nom, seigneur de la Chapelle-en-Brie, chambellan de France, & d'Aveline, dame de Nemours.