Comment choisir un cheval |
Chez le marchand.
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Tout d'abord, n'admettez pas qu'on vous
exhibe le cheval à la française, campé sur ses quatre
membres, placé sur un plan incliné, du gingembre vous savez où.
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Demandez que le cheval sorte nature
de l'écurie - la tête libre.
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Ne vous mettez pas le nez dessus comme
pour le regarder à la loupe, mais commencez par le voir à distance, plutôt
de loin que de près.
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Si le cheval est dans son état normal,
ni trop gras, ni trop maigre, ni trop fatigué, ni trop reposé, si son
aspect général éveille une idée de puissance et d'équilibre, votre
première impression est la bonne.
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Si elle est défavorable, faites rentrer
l'animal et gardez-vous de l'essayer, car des apparences de qualités,
toutes momentanées, risqueraient peut-être de vous tenter.
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Si le cheval vous plait, rapprochez-vous
et regardez une à une toutes ses parties.
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Qu'il ait un homme sur le dos ou une
voiture à traîner, le premier mérite d'un cheval consiste à bien se porter
en avant. Le réservoir d'action d'un cheval se trouvant dans toute
sa partie postérieure, appelée arrière-main, commencez par là votre
examen.
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Pour que l'impulsion se transmette
d'arrière en avant sans déperdition, les axes doivent être
parallèles. Le cheval en a 4 ; les 2 hanches ; les 2 épaules. En vous
plaçant derrière le cheval, les 4 membres doivent vous apparaître
verticaux, parallèles deux à deux.
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Pour que l'impulsion soit puissante, le
cheval doit être plus large du derrière que du devant, être fait en
brouette, selon l'expression pittoresque du Vte de Chezelles.
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Votre cheval devra avoir :
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Les pieds plutôt larges que
resserrés, les talons moyennement hauts.
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Les paturons
moyens mais plutôt un peu courts que longs.
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Les boulets
larges et assez éloignés du sol.
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Les jarrets suffisamment larges,
aussi secs que possible.
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Les hanches développées, la
pointe saillante et osseuse, de celles qu'on appelle cornues, la
cuisse musclée.
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La queue attachée haut et bien dans
le prolongement du rein, aussi horizontale que possible.
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Le rein court et plutôt en dos de
carpe que plongeant.
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Les côtes formant bien le berceau,
ni trop rondes, ni trop aplaties.
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Le flanc suffisamment haut, mais
plein. Certains chevaux levrettés ou à côtes de brochet
peuvent être parfaits, cependant c'est une chance à courir. Le flanc
retroussé ou cordé, manquant de boyaux, comme on dit, est
souvent l'indice d'un estomac peu régulier.
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L'épaule oblique, musclée, et
aussi profonde que possible, la pointe de l'épaule sèche, le coude détaché
et non noyé.
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Le garrot haut, osseux et bien
saillant.
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L'encolure sèche, courte ou
longue, peu importe, c'est affaire d'élégance et non de qualité, le tissu
veineux très apparent.
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La poitrine saillante, l'avant
bras large et musclé, le genou plat, large et descendu.
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Les canons courts, les tendons
détachés formant la corde.
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Passez ensuite soigneusement en revue
toutes les parties des membres où peuvent se développer les tares.
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La tête osseuse, sèche, petite ou
grosse, ce n'est qu'une question de goût, les oreilles longues, signe
d'espèce comme disent les Normands ; les naseaux développés, la
peau des lèvres fine et soyeuse ; le front large ; l'oeil
franc, décidé ; la paupière sanguine.
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La peau des quatre membres sèche et
fine, le poil fin, les crins pas trop abondants.
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Quelque soit sa taille, sa robe ou sa
race, un animal ainsi bâti ne sera peut-être pas au goût de tout le monde,
certains pourront ne pas le trouver joli cheval, tant pis : 90 fois sur
100, ce sera un bon cheval.
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Comment essayer un cheval
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Mais comme il ne faut payer son animal que dans la mesure du développement
de ses aptitudes, essayez-le à fond.
- Levez successivement les quatre pieds. Le cheval doit
les donner sans impatience ni brusquerie.
- Faîtes reculer le cheval : recul aisé, signe
d'équilibre.
- Voyez-le se retourner SEUL dans sa stalle : le tête à
queue confirme l'équilibre.
- Voyez harnacher et mettre le cheval à la voiture.
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Conduisez le cheval vous-même, lentement
au départ, allongez progressivement les allures jusqu'à leur maximum,
ralentissez-les de même jusqu'à leur minimum. Montez et descendez une
forte pente.
- Montez le cheval, même essai qu'à la voiture, galop et
saut en plus.
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Après le maximum de vitesse, arrêtez.
Observez et écoutez la respiration, flancs et naseaux, écoutez les
battements du coeur derrière l'épaule gauche.
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Rencontrez un train en marche, des
vélocipèdes, des voitures à bras, passez un ruisseau plein d'eau,
conduisez dans une file de voitures au pas, voyez si l'animal stationne
sagement ; voyez s'il tient bien le pavé ; faîtes subir au cheval un essai
assez sévère et voyez s'il mange gaiement en rentrant.
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Pour plus de sûreté, - on n'est pas
infaillible, - montrez l'animal à un bon vétérinaire et faites déferrer
devant lui pour constater la santé du pied. Si cela vous amuse, faites
peser le cheval ; de deux animaux d'apparence égale, le plus lourd est le
meilleur.
- Ne consultez jamais vos amis.
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Comment se servir d'un cheval
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Soins.
Ne vous mettez pas dans la tête qu'un tel animal ne se conservera qu'à
force de soins, de purges périodiques, de drogues, de flanelles, de
couvertures et en travaillant le moins possible.
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Nourriture.
Ne concevez pas une forte ration théorique que vous distribuerez
envers et contre tout, mais augmentez ou diminuez l'alimentation en raison
du travail futur. C'est l'acquis qui profite et non le repas du jour. Les
trois quarts des accidents sont dus au repos joint à l'excès de
nourriture. L'alimentation doit varier suivant le tempérament de chaque
animal, mais en principe, il suffit qu'elle comprenne un mélange raisonné
d'avoine, de son et de foin. La paille n'est qu'un passe-temps, souvent
dangereux. Vous connaîtrez que la nourriture de votre cheval est
convenable lorsque ses déjections seront à point, ni dures, ni molles.
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Ferrure.
Plus le pied ferré se rapproche de l'état de nature, mieux le cheval
est chaussé. Le cheval nu-pied use normalement sa corne sur un sol varié
mais naturel. On doit donc préférer soit la ferrure dite en demi-lune,
qui ne touche ni la fourchette, ni le talon et permet le développement
égal du pied dans toutes ses parties, soit encore la ferrure à la
Charlier.
On connaît que les deux côtés du pied se développent également en voyant
si une ligne partant de la pince et passant par le milieu de la fourchette
divise le pied en deux parties égales.
C'est le développement anormal d'un côté au détriment de l'autre qui, le
plus souvent, détermine les tares, les chutes, les boiteries, etc. La
ferrure rationnelle est celle qui conserve l'intégrité des talons et de la
fourchette en gardant à ces parties du sabot leur élasticité.
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Travail.
Faire travailler tous les jours, régler les allures en tenant compte
du degré de santé de l'animal, de l'état de la température, du poids à
porter ou à traîner, de la durée et de la rigueur du travail, c'est, comme
il convient, se servir d'un cheval avec discrétion. Ainsi employé,
votre serviteur entretien ses qualités et enterrera les chevaux les plus
dorlotés du monde.
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Le dressage du cheval
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Nous n'avons parlé jusqu'ici que du cheval dressé. Il est
impossible en quelques lignes de présenter sur le dressage une suite
d'observations assez complètes pour être utiles. Nous nous bornerons à
résumer quelques conseils généraux sur la façon d'atteler un jeune cheval.

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Quand un cheval est ce que l'on appelle
vert, c'est-à-dire excessivement vigoureux, par jeunesse, repos
prolongé, etc., commencez par lui faire dépenser son trop plein d'activité
en le travaillant en cercle à la longe, ou, si vous disposez d'un endroit
clos, suffisamment resserré, faites trotter et galoper le cheval en
liberté jusqu'à ce qu'il ait poussé une bonne suée et qu'il vous paraisse
assagi. Dans cet état, il sera mieux disposé à comprendre ce que vous
aurez à lui dire et il sera plus attentif à l'enseignement que vous avez à
lui donner.
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Si votre cheval n'a jamais été attelé,
commencez par le retourner tête à queue dans sa stalle et ajustez-lui sur
le corps toutes les parties du harnais. Ajuster, c'est régler de façon que
rien ne serre ni ne ballotte.
Mettez-lui dans la bouche un mors léger et un filet d'enrênement . Enrênez
à peine.
Prolongez plus ou moins cette première séance suivant le degré de patience
ou d'impressionnabilité de votre cheval. Renouvelez la leçon et
allongez-la plusieurs jours de suite jusqu'au calme complet.
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Remplacez alors le mors par un fort
filet de cuir ou de caoutchouc. Supprimez l'enrênement, qui n'a eu pour
but, ainsi que le mors, que d'habituer le cheval : 1° à sentir du fer dans
la bouche ; 2° à descendre l'encolure en cédant à la légère résistance de
l'enrênement.
Placez sous la bride un caveçon léger et faites sortir le cheval tout
harnaché - passez dans l'anneau de chaque côté du caveçon une longe que
vous ferez prendre chacune par un homme qui se tiendra l'un à hauteur de
l'épaule gauche, l'autre de l'épaule droite. - Leur rôle sera passif et se
bornera à contenir le cheval s'il se jette de côté.
Remplacez les traits par deux cordes, grosses comme le pouce, longues de 5
à 6 mètres, et placez un homme vigoureux à chaque bout.
Prenez vos guides et votre fouet et placez vous entre les cordes comme les
enfants qui jouent au cheval.
Ce dispositif une fois pris, encouragez votre cheval de la voix, sans lui
faire sentir aucune action de vos rênes, mettez en même temps vos quatre
hommes en marche tout doucement, sans traction ni sur les longes, ni sur
les cordes, et votre cheval aura fait son premier pas en avant. C'est déjà
une grande affaire.
Arrêtez au bout de quelques instants et recommencez ces départs et ces
arrêts jusqu'à parfaite obéissance - en ayant soin, à chaque fois, de
faire tendre davantage des cordes-traits jusqu'à ce que le cheval parte
franchement de pied ferme , les traits tendus, les hommes opposant le plus
de résistance possible.
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Votre cheval sait dès lors ce que c'est
que tirer au pas. Habituez-le alors à augmenter cette allure et à la
ralentir et faites-lui exécuter des changements de direction.
Ces résultats obtenus, recommencez la même progression en travaillant au
trot - et rappelez-vous qu'en dressage, vous avez dépassé la mesure
d'exigence profitable dès que le cheval sue.
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Tout cela obtenu, vous pourrez
atteler votre cheval à une voiture légère à 2 roues sans vous exposer à
broyer du premier coup homme, voiture et animal.
Continuez dans le travail la marche indiquée précédemment et habituez
progressivement votre cheval à prendre un point d'appui élastique sur la
main.
Faites-lui faire successivement les diverses rencontres de tout ce qui
pourra épouvanter son ignorance de toutes choses, ne lui enseignez jamais
qu'une chose à la fois, triomphez de toutes ses résistances en vous armant
d'une patience d'ange et ne perdez jamais de vue la belle maxime d'un
maître :
"La colère comme la peur doivent être inconnues à l'homme de cheval."
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